Savez vous que...
Ce cher @, si embêtant à taper avec 2 ou 3 doigts quand on n'a qu'un PC, et qui sert à introduire les adresses électroniques qui font suite à nos adresses Internet, n'est pas du tout un abominable symbole sorti tout droit du cerveau sadique d'un quelconque Yankee.
En fait, @ est une abréviation latine. Mais oui! Elle est employée dès le XVIIème siècle, et peut-être même avant, dans le latin dit de chancellerie, et cela dans toute l'Europe (et pas l'Amérique!). Elle correspond à la préposition latine ad (= à) avec l'idée de direction, et est l'origine, par ailleurs, de à en français et de at en anglais, exactement comme l'esperluète & remplace et. Elle constitue assez souvent la première ligne de l'adresse de documents internationaux.
Par exemple:
@ SSMM Ludov. & Marg. R&R de Francae
se lit:
à leurs Majestés Louis et Marguerite Roi et Reine de France
Vous l'aviez deviné, bien sûr.
Donc ce petit symbole devrait être lu et appelé ad et non pas at en anglais, ou n'importe quel autre barbarisme. Quant à son appellation graphique, elle est, elle, on ne peut plus... française! Foin des arrobas, artau bas, harobath et autres arrobâneries.
Ce sont des imprimeurs bien de chez nous qui ont tout simplement désigné ce caractère par ses éléments descriptifs évidents a-rond bas (de casse). Bas de casse signifie minuscule, la version majuscule (haut de casse) ayant également existé. La casse est le casier dans lequel étaient rangés les caractères de plomb, les caractères majuscules, ou lettres capitales, en haut et les caractères minuscules en bas.
Ce terme est devenu une désignation typographique internationale: n'oublions pas que le français fut la langue de référence pendant au moins deux siècles en Europe et que les typographes étaient, par définition, des ouvriers cultivés.
Les concepteurs d'Internet ont donc gardé ce signe qui continue à être utilisé dans les pays anglo-saxons pour indiquer une adresse de destinataire.
Réjouissons-nous donc, le latin redevient, interneti graciae, langue d'usage international. Et le français aussi. Même s'ils ne sont pas toujours faciles à reconnaître...