Bien sûr le calembour est attendu, et pourtant il s'impose. C'est courageux de rentrer dans les traces de ce genre de référence (Roland Dubillard). Christian Rullier, l'auteur de "Sur tout ce qui bouge", dans ce qui nous a été donné de voir et d'entendre, est digne en tout point du créateur des dialogues, et le risque est immense de passer pour des rabâcheurs de quotidien alors qu'on se rend compte brutalement qu'on a affaire à un passeur et à des assassins.
Un passeur : par ce que tout cela retourne, en douce et en pleine poire, ce qui reste de nos vies et de nos rêves. Le bilan est une sorte de désastre rigolo où le grand Samuel Beckett nous offre un verre de whisky irlandais. Il fallait bien le talent d'un passeur pour nous obliger à accepter un produit aussi toxique.
Des assassins : par ce que les loustiques (du théâtre Contre Jour ) auxquels on a ici affaire tordent le cou à nos vies, dans la bonne humeur et le plus parfait cynisme. Il faut rappeler que cynisme vient de "cynos, le chien" et que celui-ci pour se nourrir, chez nos lointains amis les Grecs, allait voler sa pitance dans la gamelle habituellement réservée aux statues des Dieux. Le cynisme est donc celui qui dit la vérité et qui la pratique, car le citoyen pense souvent que ses idoles se nourrissent de ses offrandes culinaires !
Ce soir-là, on a dit et pratiqué la vérité dans un joyeux remue-ménage duquel nos certitudes, nos religions, nos amours, notre travail, nos familles et nos patries sont ressorties lessivés, essorés et repassés. Nous voilà dans de beaux draps !....
Daniel Roure le 8/12/2008
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