Il y a dix jours, Jean Ferrat nous a quittés. Lorsque j'ai appris son départ, j'étais à un festival de théâtre à Aurillac pour deux jours. Dimanche matin, notre troupe était réunie pour le petit-déjeuner et je me souviens avoir presque crié "Oh non" ! Et pourtant, il y a des évidences que l'on ne peut occulter. Un hommage collectif lui a été adressé par l'organisateur du festival et tout le public a repris "La Montagne" et j'avais des larmes dans la voix ; elle est si belle, la montagne !
Je me souviens avoir failli le voir sur scène ; en 68, j'étais interne à l'Ecole Normale d'institutrices de Clermont et dans le cadre des "Jeunesses musicales de France" nous devions aller au théâtre pour assister à son concert. Oui, mais voilà, c'était au mois de mai et la directrice n'a jamais voulu nous laisser y aller. Pourtant tout était calme dans la ville, pas le moindre rassemblement, pas la moindre manifestation ce jour-là. Malgré nos "discours" pour la convaincre, elle fut inflexible et je ne vis jamais Jean Ferrat sur scène.
Je voulais donc lui envoyer un petit mot personnel par l'intermédiaire de ce modeste blog et j'ai plusieurs fois renoncé. Tant d'articles ont été déjà publiés, tant de choses ont été dites, et si bien, bien mieux que je ne saurais le faire, que je ne savais plus comment exprimer mon émotion.
Aujourd'hui, clouée dans mon fauteuil et/ou mon canapé par un mauvais tour joué par mes lombaires, je lis dans un magazine un nouvel article et je me dis "et si je le faisais ?". Et c'est à ce moment précis que je découvre dans ma messagerie un diaporama envoyé par Ginette - merci, Ginette ! - qui se déroule sur la voix si chaleureuse de Jean (au fait, ai-je le droit de l'appeler ainsi ?) qui nous dit de là-haut "C'est beau la vie". Alors, c'est décidé, je vais lui dire bonjour.
Il fut le compagnon de mon adolescence, je l'écoutais en boucle et j'imaginais être en communion avec lui. J'avais ainsi créé une complicité, toute personnelle évidemment, entretenue par la coïncidence du jour de ma naissance : je suis en effet née le même jour que lui. Je me sentais donc "autorisée" à le caler au fond de mes pensées et à fredonner souvent "Deux enfants au soleil", "Cuba si", "Quatre cents enfants noirs", "Ma France belle et rebelle" ou encore "L'homme à l'oreille coupée" .... Et tellement d'autres titres qui résonnaient en moi comme autant d'appels imaginaires à une "amitié" qui me soutenait dans les moments difficiles....
Et je n'ai jamais cessé d'aimer cette liberté, cette franchise et cette générosité qui se lisaient dans son regard. Et je suis triste, de la même tristesse qui m'avait étreinte lors du départ de Brel.....
C'est si peu dire que je t'aimais, Jean.
Françoise
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