Vous l'avez reconnu ?.......

dimanche 16 novembre 2008

De l'autre côté du banc

On a tous fréquenté des brocantes pour y dénicher l'objet qui complètera notre collection, le livre rare dont on a entendu parler et qu'on ne trouve nulle part ailleurs ou pour tout simplement prendre un "bain de nostalgie" en regardant, en touchant tous ces objets qui ont parfois fait partie de notre enfance. Moi, comme vous tous j'imagine, j'ai erré dans ces manifestations et je me suis ainsi constitué une collection de missels, une autre de vieux fers à repasser dont la vie se prolonge auprès de mes livres pour les maintenir en équilibre vertical - ils ont de la chance, vous ne trouvez pas ? J'y ai aussi souvent trouvé des bricoles, inutiles souvent, belles quelquefois et pas chères toujours.
Mais jamais je n'avais participé pour vendre mes propres objets. Et pourtant mes placards sont encombrés d'objets, de bibelots, de vaisselle dont je ne me sers plus, et chaque fois que je les vois je me demande toujours ce que je vais bien pouvoir en faire . Les jeter ? Non, c'est impossible.... Les donner ? Oui, mais à qui ? Et je referme la porte du buffet en disant "On verra, c'est pas urgent, ça gêne pas bien pour le moment...." Josy, fervente adepte des brocantes, a déjà essayé de me traîner avec elle, mais sans succès. Il faut dire qu'une fois je suis allée la voir, à Culhat, je crois. C'était pendant l'été : il faisait gris et humide, il faisait froid, il y avait du vent et elle devait jongler avec les averses et étendre des bâches pour protéger ses objets . Nous avons bu un café sur la place de l'église, le nez dans les bourrasques et cette petite visite m'a confortée dans mon refus des brocantes soumises aux aléas météorologiques.
Mais un copain nous a proposé de participer à la super-brocante régionale à la Grande Halle du Zénith. Et on s'est dit "pourquoi pas ? "puisqu'on était entre gens de bonne compagnie. On serait à l'abri du vent, de la pluie et autres petits inconvénients de ce genre. Certes, l'inscription est chère - trop chère, même - puisqu'il en coûte 37 € aux exposants. Il faut donc être sûr de pouvoir vendre suffisamment pour récupérer cette mise de fonds. On s'est dit que ce n'était pas un souci, vu le nombre impressionnant de livres que nous avons accumulés depuis tant d'années. Et puis, on s'est dit que si on était perdants, on n'en mourrait pas et qu'on ne recommencerait pas l'expérience.
Nous nous sommes donc gaillardement lancés dans le tour de nos bibliothèques et de nos armoires pour faire le tri de ce que l'on voulait vendre. Parfois, il y eut débat : Oh, non, on va pas vendre celui-ci, je le relirai, mais celui-là oui, cet autre peut-être encore........ Et ce bibelot qui vient de ta mère, qu'en penses-tu ? et bla-bla-bla, et bla-bla-bla........ Une fois tous les objets triés, inventoriés, époussetés pour certains et entreposés dans le garage, il a fallu définir un prix. Et c'est là que les choses se sont compliquées... Quel prix peut-on vendre un livre, tout beau, tout propre, sans aucune page cornée - mais, oui, monsieur, on prend soin de nos livres !... - lequel livre on a acheté 20 ou 25 € ? Que peut-on demander pour cette suspension encore pimpante mais un peu démodée et qui ne cadre plus beaucoup avec nos goûts et notre décoration ? Ça, c'est une vraie question.... Lorsque le choix fut fait, nous avons donc mis des post-it sur nos "tranches de vie" et tout rangé dans des caisses en attendant le grand jour.
Le "grand jour", c'était hier et nous devions nous présenter à la Grande Halle entre 6 et 7 heures du matin. C'est tôt mais nous ne nous sommes pas plaints car on savait que certains exposants étaient là depuis 4 heures. En fait, au tirage au sort, on a eu de la chance !
Á 9 heures, les portes se sont ouvertes au public et très vite nous nous sommes rendu compte que nos post-it étaient non seulement inutiles mais nous désavantageaient car les gens ne s'arrêtaient même pas pour regarder ce que l'on proposait. On a compris pourquoi lorsque nous les eûmes enlevés. En fait, ces inoffensifs bouts de papier constituent une sorte de barrière entre vendeur et acheteur et empêchent le jeu de la brocante, j'ai nommé "le marchandage". Les clients potentiels se disent que puisque le prix est déjà affiché, ce n'est plus la peine d'entamer une quelconque discussion. Nos affaires ont en effet démarré dés qu'il n'y eut plus d' étiquettes...
Il y a tous les types d'acheteurs, celui qui marchande à tout coup, avec le sourire et celui-ci a gagné d'avance, celui qui marchande mais sans sourire et celui-là a perdu. Il y a le petit gamin qui sort difficilement son portemonnaie de sa poche déjà très encombrée, qui ne trouve pas l'appoint et à qui on dit "ça va, c'est bon, cherche pas ! " C'est à un jeune garçon que j'ai ainsi vendu une grosse dizaine de livres de Stephen King pour 7 €. Son sourire et ses remerciements m'ont largement récompensée et j'étais satisfaite d'avoir comblé la boulimie d'un jeune lecteur.
Mais il y a aussi les grincheux qui marchandent avec une telle mauvaise foi qu'on a envie de leur demander s'ils ne veulent pas qu'on leur donne l'objet qu'ils convoitent. C'est ainsi qu'une femme a marchandé honteusement le prix d'un jouet dont je lui disais pourtant que le prix regonflerait la tirelire de mes petits-fils. Je conçois qu'elle n'en ait rien à faire de mes petits-fils ; mais en plus elle avait l'air acariâtre et disait "Non, non, 3 € (car c'était le prix sur lequel elle débattait !) c'est trop cher ! 1 € ce serait bien. " Je lui ai dit que non, que tant pis pour elle (elle, elle a pensé "tant pis pour moi") que ce jouet irait grossir le stock d'une garderie ou d'une crèche. Elle avait pourtant l'âge et le profil pour être elle aussi grand-mère et j'avais très envie de lui dire des "sottises". Cependant, il faut rester poli, souriant et courtois et je l'ai regardée partir sans regret.
Il y a aussi les flâneurs, ceux qui ne regardent même pas ce qui est présenté et traversent les allées à toute vitesse. On se demande ce qu'ils sont venus faire là, surtout que l'entrée est payante ! Même à 1 €, pour une famille, cela peut faire une petite somme.
Dans leur grande majorité, les gens qui viennent là sont extrêmement gentils et détendus. Ils viennent pour faire "leur bonne affaire" et le marchandage fait évidemment partie du jeu. Et nous, les exposants, il ne faut surtout pas y aller avec le désir de "faire du fric", mais seulement avec l'idée que les objets que l'on vend vont avoir une deuxième vie, serviront à quelqu'un d'autre, décoreront un autre intérieur ou iront grossir les rayons d'une autre bibliothèque.
Dans ce type de manifestations, il y a toujours foule et lorsque l'on veut passer de l'autre côté du banc pour aller voir ce que proposent les autres exposants, on est poussés, bousculés et on n'arrive à peine à accéder aux stands. Et là, brusquement, on prend conscience que derrière notre table à tapisser ou nos tréteaux, on est drôlement à l'abri ! De là, on n'a même pas l'impression que la foule est si énorme. On discute avec les gens qui sont à côté de nous, derrière nous, on compare nos prix, on échange nos expériences et la journée, longue pourtant, passe à une vitesse folle.
En fin de compte, on a vendu un service de table qui ne nous servait plus depuis longtemps, des livres, quelques jouets de mes petits-fils, quelques DVD, des bibelots inutiles, quelques ustensiles de cuisine et quelques appareils électro-ménagers mais on a surtout passé une bonne journée avec les copains que l'on a terminée tous ensemble autour d'une bonne table. Et on est tous rentrés dans nos fonds.....
Alors, à refaire ? Oui, je crois.... Et vous viendrez me voir à la Grande Halle, l'année prochaine, n'est-ce pas ? Elle se tient toujours à la mi-novembre. Je vous y attendrai !
Françoise

1 commentaire:

Françoise a dit…

Ce matin, j'ai vu Josy. Elle avait lu mon histoire racontant mon expérience de brocante et elle m'a demandé de faire une petite correction. "Je ne suis pas ADEPTE des brocantes, moi, je suis une TOUCHE Á TOUT" m'a-t-elle dit en ajoutant " tu corrigeras, d'accord ?"
Voilà, c'est fait. La correction est faite et j'ajouterai que, oui, Josy, je sais que tu as plein de cordes à ton arc !

Françoise