Vous l'avez reconnu ?.......

dimanche 28 septembre 2008

UN HOMME DE GOUT ET DE LIBERTE EST MORT

En dehors du fait que mon ordi n'ait pas été réparé, ce samedi matin est plutôt morose.Un îlot de liberté, de culture et de tolérance est mort : le libraire Jean Rome est parti rejoindre le paradis libertaire et humaniste de la liberté vraie de penser... Je n'aurais jamais cru qu'un départ puisse encore me faire pleurer. Nous avons agité un petit mouchoir noir quand le convoi a quitté le quai. C'est à peu près ce que j'ai répondu à un message optimiste et vivifiant de Françoise, que je sais assez patiente pour ne pas en avoir été choquée.

Il faut dire qu'à l'époque ou nous l'avions rencontré, nous étions quelques-uns, nouveaux, à arriver, frais émoulus de nos enfances inconnues, avec la ferme intention de goûter le fruit amer de la deuxième moitié des années soixante (et la suite...) Il nous avait accueillis avec patience, ouvrant pour nous des miracles tels que Genêt, Arthaud, Bakounine, Breton, Sade, Bataille, Debord, Sternber, Arrabal, la revue "Tel quel", Godard et les "Cahiers du Cinéma".... bref, de ces textes et de cette littératures crus, qui sans jamais nous rassasier, comblaient notre appêtit de nouveaux espaces, de liberté et de rêves. Il nous offrait un laissez-passer qui devait constituer notre seul viatique aux portes d'une aventure, parfois même risquée, dans la guerre ouverte avec l'encroûtement du néo-pétainisme et l'époque déjà post-gaulienne.

Il y a quelques années, à l'occasion d'une visite de sa boutique, il m'avait conseillé un livre de Jean-François Raguet : "De la pourriture", une comparaison de deux éditions, 1984 et 1993 du Dictionnaire des Philosophes, florilège réjouissant de cuistreries et de malversations intellectuelles dans les milieux de l'université (principalement la Sorbonne). Ce livre vit près de moi tout comme mon peu de liberté et d'indépendance, comme aussi le souvenir d'un homme doux...

Voilà, je tenais à ce modeste hommage et ce qui fait aujourd'hui mon chagrin est encore et toujours la colère contre un monde où règne la confusion entre liberté et libéralité.
Daniel Roure

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