Ce blog me pose quelques problèmes. Il est bien fait, le contenu en est clair. Demeure ce qui à mon avis est fondamental : comment faire renaître ce bout d'enfance et de pré-adolescence que nous avions pris la peine, au moins pour quelques-uns d'entre nous, de ranger au fond de nos poches, et d'oublier (ou du moins de rendre acceptables), avec les billes, les lettres d'amour et les lance-pierres. Ce que nous n'avions pas trouvé chez des parents, trop préoccupés à ne pas nous comprendre, nous sommes allés le chercher, la nuit, clandestinement, dans les espaces brumeux qui voisinaient avec le cimetière. Pourquoi vouloir chercher ce que nous oublierions dans quelques années ? Justement pour savoir ce que nous aurions à rendre vivable, bien raisonnable... mais la part de folie, ça doit se cultiver.
Ce que le « père Espinasse » voulait de nous c'était le raisonnable, le vertueux assumé, alors que nous courions un rêve revendiqué. L'époque s'y prêtait étrangement....James Dean sortait de son école d'art dramatique et le faisait savoir en bon révolté post romantique, les rockers grimaçaient et se roulaient sur les planches de théâtre aujourd'hui perdues... c'était Vince Taylor ou les Chaussettes Noires. Déjà, en douce, le siècle était en train de basculer....Spoutnik entamait sa ronde autour d'une terre qui avait oublié Marignan et Alexandre le Grand. La modernité, qui n'avait pas encore été baptisée, faisait pli dans notre devenir. Les Beatles avait laissé leurs cheveux pousser, bien proprement, de quelques centimètres ( ce qui avait valu problèmes à notre copain Henri) et l'adolescence nous attendait avec la somnolence feinte du matou prêt à bondir sur la proie. Nous avions, peut être même sans le savoir l'espace humain d'aimer, de conduire nos saisons par la main jusqu'au creux des jardins, pour y boire les alcools forts de nos minuscules révoltes et entendre le chant du crapaud le matin venu. Alors comment voulez vous après ça que des lunettes à une branche aient pu avoir une si grande importance ?....
L'essentiel demeure que les arbres aient toujours des tas de branches et les hiboux l'air un peu perdu des pêcheurs de vieux rêves. C'est en tout cas le sentiment que j'ai de cette période.
Daniel Roure
1 commentaire:
Dan, je te rappelles que tu m'as initié aux choses bizarres qui se passent dans une église ... à Gelles!
content de te voir ici!
miquet
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