jeudi 10 juillet 2008
Tous dans la même galère....
Et moi, qu'est-ce que je foutais à Gelles ? Il faut dire que j'avais commencé ma longue "carrière" en internat - elle devait durer jusqu'à l'aube de mes 19 ans !- au collège de Rochefort. Pourquoi l'internat, alors que l'instituteur de l'école primaire de Ceyrat avait fait intervenir l'inspecteur auprès de mes parents - non, de ma mère, qui avait la haute main sur l'éducation de ses enfants - pour que j'aille au lycée tout proche ? D'autres options - même si ce mot n'avait pas encore vraiment cours dans le langage de l'Education Nationale - d'autres voies m'y seraient offertes et ce serait mieux pour moi qui étais une bonne élève, lui avait-il dit. Mais mes parents étaient persuadés que la ville était un lieu de perdition et surtout je devrais prendre les transports publics. Et je ne sais pas pourquoi, cela leur faisait terriblement peur. Donc, pas de discussion, ce serait l'internat. Au grand air, s'il vous plaît !
Ce fut donc Rochefort, tous les élèves de Ceyrat allant à Rochefort.
Et puis un jour, je ne sais pas vraiment pourquoi - je crois me souvenir que ma mère avait rencontré quelqu'un qui l'avait convaincue qu'avec le Père Espinasse on travaillait mieux qu'avec Monsieur Gardette - il fut décidé que j'irais à Gelles.
Et là, ce qu'il me restait d'enfance se décomposa, éclata littéralement. A Rochefort, à part l'immense dortoir où j'étais perdue, je me sentais assez bien. Le directeur, M. Gardette, était gentil. Il m'appelait "le microbe" tant j'étais petite et je pense aussi que je devais être un peu espiègle !
Mais à Gelles, ce fut une autre histoire, que vous avez tous un peu évoquée entre les lignes : violence fréquente , volontaire et assumée comme méthode d'éducation - mais c'était encore dans l'air du temps - de la part notre directeur et de certains surveillants ou involontaire dans cet environnement froid, hostile et isolé de tout, dont nous ne redescendions qu'une fois tous les quinze jours pour ces fameuses "grandes sorties", quand nous n'étions pas "gentiment" invités à rester auprès de notre ami Antoine. Violence physique, violence verbale, brimades diverses et variées, quoi qu'on fasse, quoi qu'on dise, on ne pouvait guère y échapper. Et avec tout ça, peu de place pour le jeu : du travail, toujours du travail de 7 h et quart du matin à 9 h 30 le soir. Des études tout le temps, avant le p'tit-dèj, après le p'tit-dèj, après le repas de midi entre les cours du matin et les cours de l'après-midi, le soir après le goûter, le soir après le repas, le dimanche matin excepté la plage sacrée réservée à la messe, le jeudi toute la matinée, etc.... Il y avait bien quelques éclaircies que j'évoquerai un autre jour, les balades, la TV du mercredi soir, le ciné-club, l'évasion par la lecture, les copains et les copines, tout ce qui nous a permis de nous construire, d'avaler, de digérer tout le reste et de le ranger bien calé au fond de nos poches.
Je vous livre une relique, une lettre de "Antoine" à mes parents pour savoir si JE MAINTENAIS mon inscription. Comme si on m'avait demandé mon avis ! Car je vous prie de croire que si on me l'avait demandé, j'aurais sûrement refusé. Quoique..... ne sachant pas vraiment ce qui m'y attendait, j'aurais peut-être naïvement accepté. Qui sait ? 45 ans après, il est bien difficile de le dire ! Et de toute façon, consulter les enfants n'était guère dans l'air du temps ! La petite note de ma mère, en haut de la lettre, concerne encore les transports ! Un comble pour moi dont le père était routier.....
Et c'est ainsi qu'au fil des années, au rythme des "grandes sorties" dans ce car bringuebalant, au long des saisons, dans le froid et la grisaille, mon enfance s'envola. Après ces dures années à Gelles, ce fut encore l'internat à Clermont et je me retrouvai à la porte de l'âge adulte sans avoir vu passer mon adolescence et ayant perdu pour toujours la chaleur du foyer familial.
Au fait, vous vous souveniez de l'écriture d'Antoine ? Ça fait bizarre, non ? Bizarre, vous avez dit bizarre...
Françoise
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire